Pour notre tout premier témoignage de la série « s’installer et vivre au Canada » nous accueillons Emmanuel, consultant en ressources humaines qui a accepté de répondre à nos questions.

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Emmanuel, j’ai 32 ans. Je viens de l’île de la Réunion (région ultra-périphérique française) et je suis consultant en ressources humaines et le fondateur de l’Atelier RH.

Où vis-tu actuellement ?

Je vis dans la grande région de Montréal, au Québec, depuis bientôt 6 ans.

Racontes-nous comment t’es venu l’envie de vivre au Canada

J’ai choisi le Canada pour plusieurs raisons: c’est un pays avec une économie stable, des emplois intéressants, de l’ouverture d’esprit, un peu comme le meilleur des deux mondes entre l’Europe et l’Amérique du Nord. J’ai décidé de m’expatrier après un voyage touristique un an avant de m’y installer. J’étais en charge de l’image employeur de Disney en France, employé en ressources humaines.

Comment s’est passé ton adaptation à cette nouvelle vie ? Est-ce que ça a été difficile pour toi, pour tes proches ?

Après la lune de miel à l’arrivée où tout ou presque est différent et nouveau, on a eu quelques défis, pour s’adapter, comprendre les usages locaux et se créer une nouvelle vie. Je ne dirai pas que ça a été difficile par contre: on a réussi à s’entourer avec un super cercle d’amis d’ici. On est choyé dans notre quartier, nos voisins sont adorables et au début ils étaient pas mal curieux, avec notre accent de la France, on ne passait pas inaperçu. Maintenant mes voisins m’apprennent à sacrer (à jurer) en Québécois, pas mal utile dans certaines situations !!!

As-tu l’impression de vivre mieux au Canada ?

Définitivement. En plus, depuis que je suis à mon compte, je suis maître de mon agenda et de mes priorités professionnelles. Le rythme de travail est différent je trouve. Si le travail est fait, pas la peine de faire semblant pour être bien perçu (contrairement à la France par exemple). Globalement la qualité de vie est meilleure bien que comparable sur certains aspects à celle de la France. Disons qu’à la fin de l’année quand je constate tout ce que j’ai pu faire avec mes dollars je suis très content: bon nombre de loisirs et d’activités sont très abordables voire gratuits.

Peux-tu nous partager ton avis concernant ces différents points ?

  • La mentalité des gens

Il faut arrêter de croire que les Québécois ressemblent beaucoup aux Français. C’est faux ! Ce sont des nord-américains qui parlent le français royaliste. Culturellement, on est assez loin de la France finalement. Un conseil de lecture à ce sujet: l’ouvrage intitulé « The Peach and the Coconut ». Pas facile au début avec le « oui » québécois. Souvent plein de gens vont sembler super avenants et volontaires. Mais attention ensuite à la frustration relative que cela peut amener: parfois les gens te disent oui pour te faire plaisir sur le moment. Alors c’est important de ne pas mettre tes interlocuteurs dans une position délicate. Car la recherche de paix et l’absence de conflit sont deux choses très importantes ici. On pourrait dire que le Canada, c’est un peu la Suisse de l’Amérique du Nord. Et ça, c’est GÉNIAL!!!

  • L’emploi

Mis à part les nombreuses situations rencontrées par certains immigrés qui oeuvrent dans des professions protégées, le constat est positif. Attention donc à bien préparer ton départ si tu œuvres dans une profession à acte ou à titre réservé: un beau parcours du combattant mais duquel on ressort plus fort, plus sûr de soi et surtout encore un peu plus formé, avec les couleurs locales. Assez facile de trouver son premier emploi mais souvent avec une baisse de salaire par rapport au dernier emploi occupé en France. Mais par contre, après, croissance des responsabilités et des revenus surviennent souvent plus tôt qu’en France. Le bonheur!

  • Le climat

Grrrrr… Je fais GRRR parce qu’on est en plein hiver, au plus froid de l’hiver, avec beaucoup de neige. Mais en fait c’est super d’avoir des saisons différentes. On se rend vraiment compte du temps qui passe et surtout on ne s’ennuie jamais: toujours des activités à faire, à chaque saison. Et puis c’est incroyable à quel point on s’étonne de voir le même paysage changer en fonction des saisons.

  • Le logement

J’ai troqué un 30m2 dans l’est de Paris contre une maison de 300m2 à 30 minutes du centre-ville de Montréal, proche de la rivière, avec sa forêt, ses canards, ses bernaches et ses saumons… Comment dire…!

  • La santé

Aïe! C’est là que ça fait un peu plus mal, surtout si tu ne t’inscris pas tout de suite en arrivant sur le site du Ministère de la santé afin d’avoir un médecin de famille (un généraliste). Depuis quelques mois j’ai maintenant un médecin de famille et j’ai eu la chance de pouvoir entrer dans le système de santé publique et gratuite. Une chance incroyable en Amérique du Nord….

  • La nourriture

C’est certain que si tu cherches à te faire de bons gros plateaux de charcu et de fromages français, attention au portefeuille… Alors on consomme localement, on fait pousser nos légumes (bien meilleurs !) et on varie les plaisirs : il y a tellement d’ethnies à Montréal que c’est facile d’aller chercher de la cuisine d’ailleurs. Il y a aussi beaucoup de grands chefs québécois qui revisitent les classiques locaux : Montréal est définitivement une destination de choix pour les foodies !

  • Les vacances

Aïe aïe aïe ! C’est sans doute sur ce point, en tant que Français que le bât blesse. La loi québécoise dit : deux semaines de congés payés par année travaillée. La plupart des employeurs t’offrent 3 semaines. Mais bonne chance pour aller chercher la 4ème semaine de congés payés si tu n’as pas minimum 10 ans d’expérience professionnelle ou que tu n’as pas 5 ans d’ancienneté dans la même entreprise. Oh qu’elles me semblent lointaines les 5 semaines de congés payés en France, sans compter les RTT…

  • Les transports

Dans mon cas je n’ai pas à me plaindre, j’ai choisi d’habiter proche d’une gare car je suis en banlieue. Je n’aurai pas pu me payer la maison de mes rêves sur l’île de Montréal. Evidemment dans un cas similaire, il faut une voiture. Et ça roule mal. Alors je prends le train et en 30 minutes je sors de la nature pour arriver en ville. Pas mal non ?

Quelles sont les choses que tu apprécies le plus au Canada ?

Le calme , la mentalité encore un peu « pionniers » où tout est possible lorsque tu y crois et que tu t’en donnes les moyens, l’espace, la diversité de la population, la fiscalité (si si !!!), la nature.

Qu’est ce qui te manque ?

Mes amis de la France et de l’île de la Réunion, ma famille, les gros plateaux de charcuterie, les terrasses parisiennes, l’océan.

Qu’est-ce que cette expérience t’a apporté ?

Plus de débrouillardise, plus de sagesse, plus de tolérance face à la nouveauté, moins de tolérance face à l’intolérance.

Que conseillerais-tu à quelqu’un qui souhaiterait vivre au Canada ?

Prends ta tuque, un dico québécois, quelques bonnes bouteilles de vin français, apprends à parler l’anglais correctement et sans trop d’accent, garde ton calme, reste ouvert d’esprit, rigole, étonne toi et profite de ta nouvelle vie.

As-tu des ressources à partager ?

As-tu un dernier mot à ajouter ?

En amérindien, Canada (Kanata) veut dire village. Et même avec des grands centres urbains comme Toronto, Montréal ou Vancouver et +30 million d’habitants dans le 2e plus grand pays au monde, j’ai toujours l’impression de vivre dans un grand village.

Merci Emmanuel pour ce retour d’expérience !

Vous aussi vous avez vécu une expérience au Canada et vous souhaitez la partager ? Contactez nous !

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