Lire est un voyage en soi. Le livre nous donne l’opportunité de découvrir d’autres cultures, de traverser de nouvelles contrées ou d’anciennes époques tout en restant dans le confort de notre canapé.
Avant de voyager dans un pays, j’aime me plonger dans sa littérature, le découvrir à travers les yeux de ses auteurs. C’est pour moi un avant-goût du voyage et c’est de cette façon que j’ai découvert le Québec avant d’y déposer un pied. Je vous propose une petite sélection d’œuvres de la littérature québécoise contemporaine qui je l’espère vont vous inspirer le goût de lire notre Belle Province.
Michel Trembay
Michel Tremblay est une véritable institution dans le paysage littéraire québécois. C’est un écrivain particulièrement prolifique. Il est célèbre pour avoir introduit dans ses œuvres la langue populaire québécoise, le joual. Michel Tremblay s’inspire de son vécu pour enrichir la trame de ses romans : son enfance dans le quartier du Plateau qui était dans les années 50 populaire et pauvre, la ségrégation envers les francophones, la rigidité d’une société sous l’emprise de la religion et qui peine à trouver son identité, son homosexualité. Les femmes, les homos, les Trans, les laissés pour compte forment la galerie des personnages qu’il affectionne.
Les Chroniques du Plateau Mont-Royal est l’une de ses œuvres phares. Ce recueil de 6 romans nous plonge dans la réalité crue du quotidien des familles québécoises francophones et ouvrières des années 50-60. La grosse femme d’à côté est enceinte et Pierrette et Thérèse à l’école des Saints-Anges sont les meilleurs du cycle, à mon avis. Le Gay Savoir est une série de cinq romans sur le thème de l’homosexualité. Les Cahiers de Céline est une série de trois romans (Noir, Rouge, Bleu) qui raconte la vie trépidante d’une naine et de travestis dans les années 60-70. C’est la découverte d’un Montréal interlope et haut en couleurs.
Récemment, La Diaspora des Desrosiers, une série de neuf romans qui s’ouvre avec La Traversée du continent : un roman qui relate le voyage de sa mère du Saskatchewan à Montréal.
À son panthéon littéraire s’ajoute bien sûr des récits autobiographiques et de nombreuses pièces de théâtre.
Réjean Ducharme
Réjean Ducharme est certainement mon auteur québécois préféré. De l’auteur, qui vit dans l’anonymat le plus radical, nous ne savons rien. Mais en lisant ses livres, on l’imagine mutin, insoumis et désinvolte.
Si j’aime tant les œuvres de Réjean Ducharme c’est parce qu’il manie l’art d’écrire avec spontanéité et drôlerie. Sa langue est créative, récréative et poétique. Ses personnages sont marginaux, attachants, enfants dans l’âme qui livrent leur candeur, leur désenchantement et leur originalité. La banalité et la médiocrité de la vie sous la plume de Ducharme deviennent exubérantes. Lire un Réjean Ducharme, c’est comme discuter avec des amis… des amis un peu paumés, un peu névrosés mais tellement humains.
Je vous recommande 4 romans que J’ai beaucoup appréciés – L’Avalée des avalés ; L’Hiver de force et L’Océantume, Les Enfantômes – extraits :
Dans 10 ans nous aurons tellement voyagé, que nous aurons les jambes usées jusqu’aux genoux. (L’Océantume)
En vieillissant un enfant grandit. Je suis une grande enfant et tu es une petite enfant. On ne devient jamais quelqu’un d’autre ; on ne devient pas un adulte ; on reste un enfant. Il y en a qui se prennent pour des adultes. Ce n’est pas mon cas ; tu n’as rien à craindre. (L’OCÉANTUME)
La vie ne se passe pas sur la terre, mais dans ma tête. (L’Avalée des avalées)
Pourquoi n’existe-t-il pas, à côté du temps, un jour ensoleillé dans lequel nous pourrions entrer pour aller faire, dans une rivière de marguerites, nos gambades d’hier et d’avant d’hier ? (L’Avalée des avalées)
Michel Rabagliati (Bédéiste)
Michel Rabagliati est un auteur de bande dessinée que j’adore. Il est connu pour ses BD dont le personnage principal est Paul, un anti-héros vraiment attachant. Suivre les aventures de Paul, d’enfant à adulte, c’est découvrir, le sourire aux lèvres, le quotidien d’un vrai ti’cul québécois. Bien que ses BD ne soient pas des récits autobiographiques, l’auteur puise dans ses propres souvenirs et ses propres expériences pour nourrir la vie de son personnage.
L’auteur a remporté plusieurs prix dont le prix du public lors du festival d’Angoulême de 2010 pour son opus, Paul à Québec. Ce volume a rencontré un tel succès qu’il a été adapté au cinéma en 2015.
La série des Paul (éditions La Pastèque) : Paul à la campagne, Paul a un travail d’été, Paul en appartement, Paul dans le métro, Paul à la pêche, Paul à QUébec, Paul au parc, et le petit dernier Paul dans le nord.
Dany Laferrière
Dany Laferrière est un québécois né en Haïti. L’œuvre de Dany Laferrière est un dialogue entre son pays natal et son pays d’adoption. Il pose les questions de l’exil, de la nostalgie, de l’intégration et du retour. Son roman, L’Énigme du retour, a reçu le Prix Médicis en 2009 et récemment, en 2015, l’auteur est devenu membre de l’Académie française.
Si vous ne deviez lire que deux livres de l’auteur : Chronique de la dérive douce et L’Énigme du retour
Kim Thuy
Kim Thuy est une autre québécoise d’adoption, née au Vietnam (Saïgon). Elle est arrivée avec, ses parents, au Québec à l’âge de 10 ans en tant que boat people : ces réfugiés qui fuyaient la dictature communiste de leur pays sur des navires de fortune et dans des conditions infâmes. L’auteur vit de son écriture depuis 2009. Dans ses romans elle évoque tantôt son pays natal, tantôt son expérience de réfugiée mais aussi son expérience de mère d’un enfant autiste. Ses 4 romans publiés aux éditions Libre expression sont Ru, À toi, Mãn et Vi.
Wajdi Mouawad (théâtre)
Enfant, Wajdi Mouawad quitte le Liban en proie à une guerre civile et s’installe à Montréal avec sa famille en 1983. Très tôt il s’intéresse au théâtre et devient rapidement un auteur et metteur en scène phare de la francophonie canadienne. Son œuvre majeure est certainement la quadrilogie du Sang des promesses, composée par Littoral, Incendies, Forêts et Ciel. En 2009, il reçoit le grand prix du théâtre de l’Académie française pour l’ensemble de son travail.
La filiation, l’héritage, la guerre, l’exil, la violence, l’amour, la jeunesse, la révolte sont autant de thèmes récurrents dans son œuvre.
Récemment, depuis 2011, l’auteur travaille avec un groupe de 50 jeunes francophones, dont 10 Montréalais, sur le projet d’écriture intitulé Avoir 20 ans en 2015. Le processus d’écriture s’élabore autour de 5 verbes comme fils conducteurs et de 5 villes symboliques comme terrains de réflexion : Lire (Athènes), écrire (Lyon), compter (Auschwitz), parler (Pays d’Afrique) et penser (en mer à défaut de pouvoir aller sur la lune).
Martin Michaud (roman policier)
Martin Michaud est un auteur de romans policiers qui utilise une narration polyphonique alternant les points de vue des victimes, des enquêteurs et des assassins à la façon de Camilla Laekberg ou encore Sebastien Japrisot. La variété de la narration permet de s’attacher à l’intrigue, d’échafauder des théories et finalement d’être surpris. L’intrigue y est riche, complexe, plus haletante. On se prend aisément au jeu d’enquêteur. À mesure que les points de vue se croisent, on échafaude des théories, on se perd en conjectures. Le personnage principal, Victor lessard est l’archétype du flic paumé mais attachant, dont la vie part à vau l’eau.
Il ne faut pas parler dans l’ascenseur / La Chorale du Diable / Violence à l’origine
Anaïs Barbeau-Lavalette
Anaïs Barbeau-Lavalette est une jeune réalisatrice de documentaire et auteure québécoise. Son fervent militantisme pour les droits de l’homme et le droit des enfants influence largement son travail.
Dans Je voudrai qu’on m’efface, l’auteur brosse le portrait de 3 enfants d’un quartier pauvre de Montréal. Roxane, Mélissa et Kevin luttent pour leur survie dans le quartier d’Hochelaga-Maisonneuve. Les personnages évoluent dans ce décor fait de prostitution, de violence, d’alcoolisme, se croisent sans jamais se rencontrer. Chroniques ordinaires de la misère d’un Québec actuel.
Ses autres titres sont : Embrasser Yasser Arafat et La Femme qui fuit
Fred Pellerin (conteur)
Fred Pellerin est un jeune conteur québécois qui manie à merveille la langue de Molière et la langue de Tremblay. C’est sa grand-mère qui lui aurait transmis le goût de conter.
Ses contes prennent racine dans son village natal de Mauricie, Saint-Élie-de-Caxton. L’auteur s’inspire du folklore québécois et de la vie locale pour camper ses personnages, plus vrais que nature.
Trilogie de Contes de village : Dans mon village, il y a belle Lurette…, Il faut prendre le taureau par les contes! et Comme une odeur de muscles.
1, 2, 3, prêts…..Lisez!