Immigration et choc culturel

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J’aime comparer l’expatriation à la vie de couple. Mêmes découvertes et mêmes embûches attendent l’immigrant qui débarque fraîchement dans son nouveau pays d’adoption. Comment vit-on le choc culturel? Voici les 3 étapes, entre amour et haine, du choc culturel (en espérant que cette modeste contribution vous aidera à y vois plus clair).

La lune de miel

Ça y est vous êtes dans votre nouveau pays, visa de résidence en main, heureux de faire partie des « élus ». Les démarches n’ont pas été simples, loin de là, et vous savourez votre triomphe. Vous êtes ravi de cette nouvelle vie qui commence.

Et quelle vie! Dès les premiers jours, vous réalisez que vous êtes dans le pays idéal. Tout est magnifique, incroyable, tout vous amuse et vous fascine. Vous découvrez votre nouvel environnement avec les yeux de l’amour.  Vous allez même jusqu’à imiter l’accent des locaux et à dénigrer systématiquement votre pays d’origine.

Bref vous en faites trop, sans vous rendre compte que votre excès d’enthousiasme vous leurre.

À ce moment, le choc culturel n’en est pas vraiment un. Savourez bien votre chance : bientôt vous réaliserez que cette période bénie est aussi intense que passagère… rapidement la réalité vous rattrape et fait place à la désillusion.

La désillusion

Mon cher nouveau pays,

Tu m’as trompée. Tu n’es pas celui que je croyais. Amis, connaissances, services d’immigration ne m’ont pourtant dit que du bien de toi. On m’a parlé de tes hivers magnifiques, mais on m’a caché qu’ils duraient toujours trop longtemps. On m’a vanté ton système de santé universel, mais on a oublié de me prévenir qu’il était engorgé, à l’agonie. On m’a dit qu’il y avait de l’emploi, mais on a oublié de me parler des ordres professionnels, des études à reprendre et du réseautage. On m’a fait croire que tu étais parfait, on ne m’a pas prévenue que tu étais ordinaire. Un pays comme tous les autres. On m’a vendu du rêve et je découvre la réalité.

L’onde du choc culturel vous rattrape.

Tout à coup, vous ne voyez plus que les défauts de votre nouvel environnement : la laideur, les préjugés, le mauvais goût, le chômage… Plus rien ne trouve grâce à vos yeux et, bien entendu, vous vous plaignez de tout.

Tout à coup, votre pays d’origine retrouve sa superbe…et vous basculez dans l’idéalisation de ce que vous avez quitté. Encore un leurre à déjouer.

Vous avez le mal du pays, vous vous interrogez sur la pertinence de vos choix. Devez-vous rester? Devez-vous rentrer? Vos proches nous manquent terriblement. Vous vous sentez déraciné. Vous ne comprenez plus cette société que vous trouviez géniale quelques mois auparavant. Vous ne comprenez plus ces gens, leur langue, leur façon de vivre. Tout vous agace. Vous ne savez plus pourquoi vous êtes ici, à vous compliquer l’existence, quand là-bas tout était si simple et évident.

Adieu pays idéalisé, bonjour déception caractérisée.

Résolution : ça passe ou ça casse.

L’avantage du retour à la réalité, c’est que l’expatrié reprend contact avec son identité. Il ne cherche plus à singer : s’il a un léger accent, c’est qu’il a su, au contact de son entourage, adopter certaines expressions sans se dénaturer. S’il a un nouveau mode de vie, il a su conserver ses petites habitudes bien de chez lui. Il ne cherche plus à se faire accepter à tout prix.

À ce stade, vous réaliserez bien vite, en rentrant dans votre pays d’origine pour les vacances, que vous n’êtes plus tout à fait le même. Que les choses qui vous paraissaient évidentes ne le sont plus. Que vous avez creusé, sans le savoir, un fossé entre votre ancienne façon d’être et votre nouvelle vie. Un choc culturel inversé? Peut-être que c’est à cela qu’on réalise le chemin parcouru vers l’intégration.

Mais pour d’autres la tentation est grande de céder au repli identitaire. Critiquer sans fondement, rejeter le pays d’adoption, ne s’entourer que de gens de sa communauté où l’on est si bien entre soi…voilà les écueils que vous allez commettre parfois bien malgré vous.

Le seul moyen de surmonter le choc culturel et de connaître les joies de l’intégration est encore de faire preuve de maturité et d’accepter.

Accepter qu’aucun pays n’est parfait à 100%

Accepter qu’il y a du bon et du mauvais en tout.

Accepter que l’on est responsable de notre sort, de notre attitude et qu’il ne tient qu’à nous de rester positif (ou du moins ne pas sombrer dans l’amertume).

Accepter d’avoir été injuste, aveuglé par la déception, et accepter de se réconcilier avec son pays d’adoption.

Ou accepter d’avoir pris la mauvaise décision et partir vers d’autres horizons.

Il n’y a rien de pire qu’un expatrié qui nourrit sa rancœur et qui s’obstine à rester sans se donner le moyen  de réussir  l’union  entre  sa culture d’origine et de sa culture d’adoption.

N’oubliez pas : vous avez le pouvoir de faire du choc culturel, un mariage culturel heureux, pour le meilleur et pour le pire.

Et vous, comment avez vous vécu votre immigration et votre choc culturel ?

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