
Troisième arrêt de notre road trip en Nouvelle-Zélande : le parc national de Tongariro et ses volcans Ruapehu, Ngauruhoe et Tongariro.
Le ciel est dégagé sur le lac Taupo quand nous prenons la route pour le parc national de Tongariro. Au loin, nous apercevons déjà la cime enneigée du volcan Ruapehu, un des sommets que compte ce parc classé au patrimoine mondial de l’Unesco. La journée s’annonce belle.
Nous avions hésité longuement : Faisons-nous la randonnée du Crossing Alpine dont j’avais entendu qu’elle était très populaire ou une randonnée alternative moins fréquentée? Ai-je envie de marcher en file indienne pendant au moins 7h ? Et si ma maladie de Crohn me joue des tours, pourrais-je m’écarter de la foule pour faire ce que je redoute le plus en voyage, spectre qui ne me quitte jamais? Finalement, Régis et moi avons convenu que nous ferions une randonnée moins populaire mais tout aussi intéressante. Nous mettons le cap sur le village Whakapapa où nous marcherons vers les Tama Lakes.
Nous n’avons pas été déçu une seule seconde par notre choix… mais peut-on être déçu par la Nature quand elle se livre à nous dans toute sa complexe beauté ?
Du village Whakapapa, le sentier traverse la forêt Kaikawaka jusqu’aux chutes Tanaraki. Cette balade d’1h30 est fréquentée par les familles, les groupes scolaires et bien sûr les randonneurs qui poursuivront leur chemin vers les lacs. Si les chutes sont si populaires c’est, bien sûr, parce qu’elles sont impressionnantes dans leur écrin de pierre abrupte, mais aussi parce qu’elles apparaissent, paraît-il, dans le Seigneur des Anneaux.
Des chutes Tanaraki, il faut compter encore 2h de marche (au minimum) pour atteindre le premier lac. Nous sommes cernés par la parfaite silhouette conique du mont Ngauruhoe et par le mont Ruapehu dont on peine à voir le sommet enveloppé dans un manteau de nuages. Le sentier qui court dans le tussock alpin ne présente pas de difficulté particulière et nous parvenons sans fatigue au premier lac.
En montagne, les panoramas sont toujours impressionnants. Il y a t-il un autre lieu sur Terre où l’on peut se sentir tout à la fois insignifiant et conquérant ?
Nous nous asseyons pour observer le paysage. Nous nous laissons envelopper par un silence assourdissant pendant que les nuages, chassés par un vent impétueux, dessinent des ombres chinoises sur ce lac trop bleu. Nous sommes une poignée de randonneurs, mais nous sommes seuls. Absorbée par la scène, je songe à ma vie et me dis que nous sommes bien peu de chose… Animiste qui s’ignore, je m’incline devant l’immensité de l’horizon et la brutalité des paysages volcaniques. Le monde peut-être si beau quand on est loin de tout.
Nous reprenons nos esprits et notre chemin. Le sentier devient gravats volcaniques et poussière de roche. La montée est difficile et la descente promet d’être redoutable. Nous sommes au Mordor… le sommet Ngauruhoe veille sur le second lac, paisible.
La randonnée aux Tama lakes aura duré environ 5h, sans compter les arrêts. Quand nous parvenons au village où nous retrouvons notre voiture, je suis couverte de poussière et soulagée : même si j’aime randonner, je ne suis pas une adepte des descentes qui me laissent toujours les genoux meurtris et les jambes fébriles… pantin désarticulé de fin de journée.
Nous dormons à Ohakune, un petit village qui tient dans un mouchoir de poche. À défaut de compter les moutons, cette nuit, peut-être compterai-je les carottes d’Ohakune dont elles sont la fierté !
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Où dormir : Auberge NKZ. Je la mentionne car elle fait partie des rares auberges de jeunesse où nous avons dormi qui était excellente. Propre, calme, cuisine spacieuse et personnel charmant. À une vingtaine de minutes en voiture du parc Tongariro. |