Pour rejoindre Viñales à partir de Trinidad, il faut 8h de trajet dont une escale dans la capitale. À la Havane, nous rencontrons Stefano, un italien, avec lequel nous partageons un taxi pour la dernière moitié du trajet.
Sur l’autoroute nous croisons des camionnettes chargées de cubains, des auto stoppeurs, des vendeurs de poulet grillés, des attelages de chevaux et des piétons qui traversent au milieu des voies. Relativisons : les routes sont tellement mauvaises qu’il est impossible d’y rouler vite. On peut donc anticiper.
Viñales est une tout petite bourgade de campagne où tout le monde se connaît. Le village est idéalement situé, aux pieds des mogotes, des collines verdoyantes et rocheuses qui forment un contraste saisissant avec la terre rouge des champs d’ananas, de bananes, de maniocs et d’avocatiers.
La vallée de Viñales est une région agricole, rustique où les champs sont labourés par de vieux tracteurs ou par des bœufs. Il est d’ailleurs interdit de tuer un cheval ou un bœuf à Cuba sous peine de prison. C’est dans cette vallée que le tabac est séché avant d’être envoyé dans les fabriques de l’État. Au hasard d’un sentier, nous rencontrons un jeune cavalier qui nous propose de nous balader à l’arrière de son attelage. Une balade chaotique mais agréable.
Le soir, sur la place du village, les villageois participe à une joute poétique. Chacun vient lire ses poèmes accompagné de musique.
Depuis le village, il est possible de faire des petites randonnées dans le parc de Viñales. Avec un petit groupe de Français, nous prenons un café dans une ferme de séchage du tabac. Les feuilles de tabac sont cueillies, séchées puis mises à fermenter 3 fois avant d’être utilisées dans la confection d’un cigare. Le fermier nous montre comment il roule ses propres cigares et comment reconnaître un bon cigare : la cendre doit être bien grise et suffisamment dense pour ne pas tomber du cigare. Je trouve que ce cigare artisanal a un léger goût de miel.
Le soir, dans la chambre, je marche accidentellement sur une énorme mygale. Nelson, notre hôte, nous rassure avant de l’achever : à Cuba il n’y a pas d’animaux dangereux. Je vais le croire sur parole.
La vie à Viñales passe tranquillement. Les journées s’étirent doucement, pleines de nonchalance. Les gens passent des heures à se balancer dans leur Rocking-chair. Seule la nuit la plus complète apporte un peu de fraîcheur. Les soirs de matchs de Baseball (sport national cubain) certains villageois installent leurs écrans dans la rue pour en faire profiter les voisins moins fortunés.
Le matin, les villageois se rassemblent devant les comités de rationnement. À Cuba, comme en temps de guerre, chacun dispose d’un ticket de rationnement pour accéder aux aliments et biens de base. Le tourisme apporte un revenu non négligeable à la population.