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Aujourd’hui dans la série « portrait de » nous avons eu la chance d’interroger Meggan Renaud, comédienne pour le Village Québecois d’Antan de Drummondville, qui a accepté de répondre à nos questions et qui nous partage l’envers du décors.

Peux-tu te présenter ?

Mon nom est Meggan Renaud, j’ai 23 ans et je viens de notre belle ville de Drummondville. Je suis créatrice de vidéos sur Youtube, influenceuse et comédienne. Pendant l’été, je ne peux pas me passer de mon travail au Village Québécois d’Antan. Il fait pratiquement partie de mon identité aujourd’hui.

Le Village Québécois d’Antan est une institution à Drummondville. J’imagine que la concurrence est forte, comment as-tu décroché ce travail ?

En fait, il y a les comédiens dans les maisons et les comédiens dans les rues communément appelés animateurs de rues. Pour travailler dans les rues, il faut être super dynamique, allumé, passionné et toujours prêt à l’action. Tu as un personnage à maintenir dès l’ouverture des portes, et ce, jusqu’à la fermeture. Pour être comédien dans les rues au Village Québécois d’Antan, c’est surtout une question de contacts. Les milieux qui touchent le théâtre et l’interprétation sont souvent des milieux de contacts et le Village fonctionne un peu comme ça. Pour travailler dans les rues, tu dois soit être bon en théâtre, soit être bon improvisateur, soit être bon en musique ou posséder un heureux mélange des trois.

Quel rôle joues-tu au sein du village ? 

Je suis animatrice de rues et joue deux personnages. D’abord, Sœur Marion de la Résurrection, une jeune religieuse. Et puis, Émilienne Prévost, la bourgeoise. Je dois avouer que j’ai un penchant pour la bourgeoise.

Le Village Québécois d’Antan est un incontournable pour les amoureux de la vieille époque et les employés ne sont pas de simples acteurs, ils ont aussi une excellente connaissance de cette période. Est-ce que vous devez suivre une formation particulière ? 

Effectivement, nous avons des formations à chaque année. Nous avons aussi beaucoup d’outils pour en apprendre davantage sur notre personnage ou notre maison. Dans mon cas, j’ai eu la chance de bâtir la propre histoire de mon personnage. La bourgeoise, c’est la fille d’un riche homme à Montréal qui possède une grosse tabagie. Son père est parti en Europe pour les affaires donc elle doit rester chez son cousin pour l’été qui vit au Village. Son cousin est très pauvre et soudainement, elle est prise pour faire des tâches ménagères! Elle est donc très mécontente de se retrouver au Village pour l’été…
Comme le père de mon personnage est dans l’industrie du tabac, j’ai dû faire beaucoup de recherches sur l’histoire du tabac. Paradoxalement, si tu es comédien dans les maisons, tu reçois beaucoup d’informations sur l’histoire de ta maison et sur le métier que tu exerces ou que ton mari exerce. Toutefois, je vous avouerais que plus tu fais de recherches de ton côté, plus ton contenu est riche et plus les visiteurs aiment leur expérience. 

Il se raconte beaucoup d’histoires au village :-). Avez-vous un texte à suivre ou improvisez-vous ?

On préfère improviser! De cette façon, on peut adapter nos animations à chaque visiteur. C’est certain que les comédiens dans les maisons ont beaucoup d’informations à répéter par exemple :  (En pointant) Ça c’est notre cuisine d’été et ça c’est notre cuisine d’hiver. Mon mari est médecin et moi je suis la rentière, etc. Du côté de l’animation de rues, c’est facile de parler de ce qu’on veut et les gens adorent être impliqués. Par exemple, lorsque je joue la bourgeoise, j’aime accoster les hommes seuls et leur demander s’ils ont bien des avoirs parce que mon père veut que j’épouse un homme riche pour faire honneur à la famille.  Sinon, je leur demande s’ils n’auraient pas quelqu’un à me proposer. Les gens adorent ça!

Ces anecdotes sont-elles historiquement vraies ? 

On s’inspire beaucoup du passé à travers les personnages et les métiers. Par exemple, le presbytère qui se trouve au village était habité à l’époque par le curé Hermann Brunault. Le comédien qui incarne le curé possède donc ce même nom.  Par  contre, il faut faire attention lorsqu’on veut faire référence à la réalité car c’est facile de déformer rapidement les véritables histoires des maisons et des personnages qu’on incarne. D’ailleurs, beaucoup de personnes viennent visiter le village et nous disent que telle maison appartenait à son arrière grand-mère. Il faut donc faire attention lorsqu’on s’avance sur de véritables faits historiques!
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Comment sont attribués les rôles ? Est-ce que vous en changez de temps en temps ?

Je vais parler pour l’animation de rues car au niveau des rôles dans les maisons, ça se choisit différemment. 
À chaque année, l’équipe de l’animation de rues discute pour savoir qui aimerait jouer quel rôle pour la prochaine saison. Certaines personnes sont à l’aise de garder le même rôle d’années en années, d’autres préfèrent changer. Il y a aussi des comédiens qui ont une force en humour donc on joue beaucoup avec ça. Par exemple, on donne le rôle de l’Idiot à celui qui sait nous faire rire constamment. Il est aussi possible d’avoir plus d’un personnage durant l’été, comme dans mon cas. 

Le Village Québécois d’Antan ouvre ses portes au public durant la saison estivale. Que faites-vous durant la période hivernale ? Est-ce que le village continue à vivre ?

Oui il y a quatre types de village. Outre le Village Québécois d’Antan, il y a le village hanté pendant l’automne où le site au complet se transforme en village de l’horreur. Il y a le Village Illuminé Desjardins pendant la saison hivernale, où le village est décoré avec plus de 25 000 lumières et où il y a de la musique, de l’animation et des artisans québécois qui font découvrir leurs produits. Enfin, il y a le Village sucré où les gens peuvent apprécier un bon repas traditionnel de cabane à sucre avec de la musique traditionnelle, des balades en calèche et j’en passe!

Quelle est l’anecdote que tu as le plus aimé ou qui t’as le plus surprise ?

Honnêtement, ce qui m’a surpris du Village Québécois d’Antan, c’est à quel point il est près de la réalité. Ce n’est pas pour rien que les comédiens reviennent d’années en années, ils ont réellement l’impression d’y vivre. On donne une identité à nos personnages et on se connait tous! Par exemple, avec mon personnage de bourgeoise, j’aime beaucoup me rendre à la caisse populaire et achaler les visiteurs pour qu’ils demandent au caissier de me dire qui est le paroissien avec le plus d’argent dans son compte pour que je puisse le courtiser! Le caissier me crie à la fenêtre que c’est une information privée et les visiteurs adorent ça parce qu’ils se sont senti impliqués dans l’histoire. Lorsque je joue la bonne sœur et que je vois des visiteurs se diriger vers l’ébénisterie, je leur demande de s’informer auprès de l’ébéniste pour voir s’il aurait enfin terminé la croix de chapelet en bois que je lui ai commandé. On se rend service entre villageois et c’est ce qui rend le Village crédible. L’ébéniste fournit les maisons en balais, le magasins général fournit les autres en savons, on commande du pain chez le boulanger et ça, ça charme les visiteurs.

À la lueur de ce que tu as appris au village d’Antan, quel regard portes-tu sur notre monde actuel ?

Je crois que nous sommes plus ouverts sur plusieurs aspects et que certaines choses ont évolué pour le mieux. Par exemple, la place de la femme dans la société. Il ne faut pas être trop féministe lorsqu’on travaille au Village Québécois d’Antan parce que malheureusement, à cette époque, nous étions placées sous l’homme. Je me rappelle d’une scène d’élection qui avait été reconstituée lors de la visite des patriotes et que le crieur ait lancé : « Les hommes en avant, les femmes derrière! » Ça peut être choquant sur le coup, mais bon, ça fait partie de l’affaire! Certaines choses que nous faisons couramment de façon très anodine aujourd’hui étaient très mal vues à l’époque. Par exemple, se tenir la main en public quand nous ne sommes pas mariés ou se promener sans chapeau dans les rues! Cependant, c’est difficile de se passer de la simplicité de l’époque.

Dans la vie de tous les jours tu es aussi youtubeuse. Parfois certaines personnes te reconnaissent, d’autres viennent au Village Québécois d’Antan spécifiquement pour te rencontrer. Dans tes vidéos tu confesses que ce n’est pas toujours facile. Comment est-ce que tu gères ça ?

Honnêtement, très mal! (rire) J’adore parler aux gens et rencontrer mes abonnés. Je suis réellement dans une situation délicate lorsque je travaille au Village. Je suis dans l’obligation de nier ma réelle identité étant donné que je suis engagé pour jouer un personnage et le maintenir. J’ai déjà déçu des abonnés qui voulaient discuter avec Meggan Renaud et non Émilienne Prévost. Malheureusement, ça fait partie de mon mandat et c’est également pour cette raison que j’ai décidé d’en parler dans une de mes vidéos.

As-tu un dernier mot à partager avec nos lecteurs ? 

Je vous suggère sincèrement de faire le détour pour découvrir notre merveilleux Village d’Antan! Si vous venez de loin, nous avons un camping qui connecte directement au Village et avec des forfaits réellement avantageux! Les visiteurs reviennent d’années en années parce que c’est vraiment attachant et ça parait que les comédiens sont heureux d’être là. C’est un beau voyage dans le temps qui peut plaire à toute la famille. 

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